Cet après-midi à 16h30, le parlement espagnol va débattre du pharaonique mausolée de Francisco Franco, où sont enterrées des dizaines de milliers de victimes de la guerre civile espagnole (1936-1939). Le député Joan Herrera présentera une proposition de loi pour que les familles de Républicains enterrés au « Valle de los Caidos » puissent récupérer leur dépouille. Une énième tentative, dans un pays où le sujet reste un tabou.

La dernière fois que je suis allée au Valle de los Caidos, c’était l’hiver dernier. Il faisait un froid sec. Une épaisse couche de neige recouvrait les grandes marches de la basilique monumentale, et de cette horrible croix de plusieurs dizaines mètres de hauteur. J’y ai rencontré Suzana Sueiro, historienne, qui m’a raconté en détail ce qui s’est passé pour des dizaines de milliers de Républicains enterrés ici.

Francisco Franco avait décidé de construire ce mausolée et d’y enterrer des morts de la guerre civile des deux camps (national et républicain). Combien sont-ils exactement dans les sous-bassements de la Basilique ? On ne le sait pas exactement. Sûrement entre 40.000 et 50.000. Parmi eux, beaucoup de corps dont les familles n’ont jamais donné leur autorisation pour les enterrer là. Suzana Sueiro me raconte que contrairement aux prévisions de Franco, très peu de gens ont accepté de se faire enterrer dans le mausolée. La crypte était pourtant immense, « il fallait absolument la remplir… Avant de terminer les travaux – en 1959, des militaires sont allés en pleine nuit déterrer des milliers de corps de républicains enterrés dans des fosses communes. On les a mis dans des caisses, on les a amenés jusqu’ici. »

Les familles de disparus, elles, découvrent souvent après des années et des années de recherche que leur proche est enterré au Valle de los Caidos. Toujours gérée par des religieux, la crypte est inaccessible au public. Actuellement, les proches ne peuvent pas se recueillir, ne peuvent pas déposer de fleurs, et encore moins récupérer la dépouille.